Mon défi : semaine 4 sur 21
En tant qu’adulte, nous avons pour habitude de penser à la place de l’enfant : ce qu’il devrait faire, la leçon qu’il doit tirer d’un incident, ce qu’il doit dire… Le problème, c’est que notre enfant n’a pas toujours envie de faire ce qu’on lui demande ! Et si nous l’aidions à réfléchir par lui-même ? C’est ce que je te propose de découvrir avec les questions de curiosité.
« Nous pensons à la place de l’enfant »
C’est ce que nous explique Jane Nelsen, la reine de la Discipline Positive. On fait ça parce que c’est plus rapide, parce qu’on est l’adulte et qu’on a le savoir. Aussi parce qu’on a le devoir de lui enseigner les compétences de la vie. C’est notre rôle après tout !
Enfin, on agit ainsi parce qu’on ne connaît que ça, c’est ce qu’on entendait à longueur de journée lorsque nous étions enfants. Comment veux-tu qu’on fonctionne différemment ? Donc ce n’est pas de notre faute à nous, Parents Plus Qu’Imparfaits ! Bon et puis, on peut se l’avouer, de temps en temps, c’est jouissif de pouvoir à son tour dire “Tu vois, je te l’avais dit !” #vengeancedeparent.
Le problème c’est que, je sais pas chez toi mais chez moi, ça ne marche pas très souvent. Ca a le don de m’exaspérer ! Tu sais, quand tu répètes 15 fois “Range tes jouets !” et que ta chère tête blonde continue de vaquer à ses occupations…
Lorsque la parentalité bienveillante et la Discipline Positive ont croisé mon chemin, j’ai découvert qu’il existait une autre façon de s’adresser à ses enfants, apparemment plus efficace et plus riche d’enseignement. Le secret : formuler des questions de curiosité.
Les questions de curiosité, qu’est-ce que c’est ?
Les questions de curiosité, c’est le fait de poser des questions à son enfant au lieu de toujours ordonner ou de donner les solutions. Jane Nelsen explique dans son livre La Discipline Positive que ces questions permettent à l’enfant de développer plusieurs compétences : apprendre à réfléchir et comprendre par soi-même, discerner et choisir, se fixer des objectifs, se montrer responsable, être fort de propositions.
Cela permet également de renforcer son esprit créatif ainsi que la connexion entre toi et ton enfant. Alors si en plus, ça pouvait nous permettre d’avoir du résultat – à court terme j’entends – je me dit que ça vaut le coup de tenter.
Comment nous fonctionnons
Souviens-toi lorsque tu étais au collège. Le prof interroge un autre élève et tu es dégoûté qu’il ne t’ait pas interrogé alors que tu connaissais la réponse. Le jour suivant, le prof annonce qu’il va interroger un élève sur le cours de la veille. Et là, tu entends ton prénom. Tu commences à avoir les mains moites, le coeur qui s’accélère, ton ventre te fait mal… Il te demande de répondre au problème écrit sur le tableau et là, c’est le trou noir, le vide. Rien ne te vient. Tu entends quelques rires, des chuchotements… C’est dingue, tu savais pourtant comment le résoudre ce problème !
Essaie de te souvenir : comment te sentais-tu lorsque cela t’arrivait ? Que pensais-tu de ton prof ? Et de toi ?
Ce que tu vivais à ce moment-là, c’était une situation de stress. Ce genre de stress paralyse, empêche le passage à l’action. Autre question à ton attention : qu’as-tu fait lorsque je t’ai demandé ce que tu pensais de ton prof juste avant ? Si tu étais plongé dans cet article, tu as probablement commencé à réfléchir et à te connecter avec tes ressentis d’ado. Tu as agi, tout simplement.
La conclusion est sans équivoque : lorsque j’ordonne quelque chose à Poussinou, ça peut le mettre en situation de stress et de passivité alors que si j’utilise une question de curiosité, son cerveau se met en éveil dans le but de répondre à la question. Il est ainsi en condition pour agir.
J’ai testé les questions de curiosité
Les questions de curiosité sont vite devenues un vrai jeu pour moi. Dès que je pouvais et que j’y pensais, je me demandais comment je pouvais remplacer la phrase que je m’apprêtais à dire (à hurler?!) par une question. Je dois dire que je m’en sortais pas trop mal ! Le problème, c’est que je n’avais pas intégré que toutes les questions ne sont pas des questions de curiosité. Et aussi qu’elles ne sont n’est pas la solution à tous les problèmes. Si plusieurs outils existent en Discipline Positive, c’est bien qu’il y a une raison. Résultat : les questions qui n’étaient pas des questions de curiosité ne stimulaient pas la réflexion de Poussinou et ne favorisaient pas le passage à l’action. Pire, certaines étaient moralisatrices et accusatrices. Bonjour la culpabilité de parent lorsque je me suis rendue compte de cela ! Voici un exemple qui illustre parfaitement mon échec cuisant :
Moi : qu’est-ce qu’on fait quand on a la couche pleine de caca ?
Lui : on change pas la couche !
Moi :
Comment bien utiliser les questions de curiosité
La complexité des questions de curiosité, c’est qu’il y a plusieurs règles spécifiques à avoir en tête :
- Le ton qu’on utilise est crucial car certaines questions peuvent vite avoir un ton moralisateur. En utilisant un ton bienveillant ou du moins neutre, on porte de l’attention à son enfant et de l’intérêt à la situation.
- Eviter, dans la mesure du possible, de poser des questions dont on connaît déjà la réponse.
- Le “pourquoi” n’est pas utilisé dans les questions de curiosité car il demande une justification. L’autre se retrouve alors dans une position défensive.
- Poser une question pour confirmer que son enfant a bien compris une consigne ne fait pas non plus partie des questions de curiosité (ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas le faire, entendons-nous bien).
Là, tu te dis que ça commence à se corser… Et je suis bien d’accord avec toi ! Alors pour faire simple et pour rester motivé, retiens simplement trois choses :
- Les questions de curiosité cherchent à faire réfléchir l’enfant. Si ce n’est pas le cas, ce n’en est pas une.
- Le ton fait toute la différence. Je ne te dis pas d’être mielleux (ca me rappelle le sketch de Florence Foresti le matin à l’école ou encore la voix de Maman Ours dans Petit Ours Brun – elle m’énerve !) mais plutôt de questionner en toute sincérité, comme si tu posais une question dont tu n’as pas la réponse à un adulte.
- Teste, fais des essais !
Cas concrets
Pour t’aider à faire ces tests, je t’ai préparé quelques exemples que voici :
- Range tes jouets ! => Où pourrais-tu mettre tes voitures pour éviter que l’on ne marche dessus ?
- T’es maladroite, t’as mis de l’eau partout, j’en ai marre de tout le temps nettoyer ! => Que pourrais-tu faire pour qu’il n’y ait plus d’eau sur le sol ?
- C’est pas possible, t’as cassé le ventilateur ! => Qu’est-ce que tu essayais de faire ? Comment pourrais-tu le réparer ?
- Mets ton manteau. => Pourrais-tu regarder le temps qu’il fait et nous dire si on doit s’habiller chaudement avant de sortir ?
- Je n’arrive pas à croire que tu ais fait ça. => Comment te sens-tu par rapport à ce qu’il s’est passé ?
- T’es un cas désespéré en math ! => Comment pourrais-je t’aider pour que tu progresses ?
- Brosse-toi les dents. => Te souviens-tu par quoi termine l’Ane Trotro lorsqu’il se prépare le matin ?
N’hésite pas à me laisser un commentaire pour me dire comment se sont passés tes premiers essais.
Tu viens de lire l’article 4 sur 21 de mon défi. Le défi que je me suis lancé ? Tester 21 principes de la discipline et la parentalité positive en 21 semaines et partager avec toi chacune de mes expériences. > En savoir plus sur le défi