Loi anti-fessée : mon coup de gueule

STOP ! Ceci n’est pas une loi anti-fessée

Je ne pousse pas souvent de coups de gueule sur mon blog, simplement parce que je suis très sensible et que j’ai beaucoup de mal à aborder des sujets qui me touchent profondément. Mais aujourd’hui, j’ai décidé de l’ouvrir 😠. Je suis dégoûtée… En colère… Dépitée… Saoulée qu’on ait choisi de qualifier ce nouveau texte de « Loi anti-fessée ». 


Que les choses soient claires : cette loi ne s’appelle pas la loi anti-fessée


On aurait voulu se mettre une grande partie des parents français sur le dos, on n’aurait pas fait mieux ! Ca sonne comme un titre choc d’un journal des années 80… En langage 2.0, on appellerait ça un titre « Puxx à clics ».

Pourquoi ?

Parce que cette expression limitante révolte de nombreux parents qui pensent sincèrement que la loi s’appelle ainsi. 

« Rassurez-moi, on peut toujours donner des claques ? ». 
« Comment ? Si je fais une petite tape sur les fesses à mon enfant, il va pouvoir me coller un procès ? ». 
« Tu vas voir, bientôt, on va se retrouver avec l’assistante sociale sur le dos parce qu’on aura donné une petite fessée ! ». 


Si tu en rencontres, tu peux déjà rassurer ces parents qui s’inquiètent de leur propre sort :

NON, vous n’irez pas en prison si vous mettez une fessée à votre enfant, il n’y a pas de sanction pénale liée à cette loi. 
Ce texte a une valeur éducative et il représente, je l’espère, le début d’une grande réflexion autour des droits de l’enfant et de la parentalité. 

Une petite explication s’impose

Il s’agit d’un texte qui est composé de 3 articles.

  • Le premier concerne la définition de l’autorité parentale (article 371 du code civil), précisant désormais qu’elle « s’exerce sans violences physiques ou psychologiques ».
  • Le deuxième introduit « la prévention des violences éducatives ordinaires » dans le code de l’action sociale et des familles, en créant une obligation de formation pour les assistantes maternelles.
  • Le troisième article prévoit la remise d’un état des lieux sur la question par le gouvernement.


Alors, à ceux qui pensent cette loi anti-fessée ridicule, demande-leur : 

Est-ce que vous trouvez insensé le fait que votre enfant ne soit pas violenté ou humilié par les adultes qui l’entourent ?
Est-ce que vous pensez qu’adopter une loi pour protéger les plus faibles est absurde ? 


L’expression « loi anti-fessée » vise simplement à diviser les gens plutôt qu’à les rassembler. Tu me diras, c’est ce que cherchent à faire bon nombre de sites Internet, parce que diviser permet d’augmenter le nombre de commentaires et donc d’augmenter le taux d’engagement…

« Je fais ce que je veux avec mes enfants ! »

Beaucoup de parents sont consternés par cette loi qu’ils jugent intrusive : 
« Ce sont mes enfants et je fais ce que je veux ! »

Je sais que je vais me faire des ennemis mais il faut que je le dise. 
Nos enfants ne sont pas notre propriété. Ce ne sont pas des voitures ou des iPhone. Ce sont des êtres à part entière qui, comme nous, ont des devoirs et (désormais) des droits. 

C’est ce qui s’est passé avec les femmes ! Aujourd’hui, la plupart des Français sont choqués d’apprendre que leur collègue ou leur voisine est une femme battue. Alors qu’il n’y a pas si longtemps que ça, il était normal de mettre une bonne raclée à sa femme pour qu’elle soit plus gentille…

J’entends aussi de la part de certains parents : 
« Mais où va le monde ? On va en faire des enfants-rois ! ». 
Malheureusement, ces parents pensent que la seule voie pour éduquer un enfant, c’est de le frapper ou de le rabaisser. Ils se disent que si on ne frappe pas son enfant, on est forcément laxiste. 

Nous devons faire évoluer les mentalités

Pour moi, il est urgent de changer les mentalités car le fond du problème, c’est le manque évident de sensibilisation, de soutien et de prévention auprès des parents, des futurs parents et de certains professionnels de l’enfance. Les nombreuses études comportementales et neuroscientifiques sont unanimes : les violences physiques et psychologiques n’ont aucune valeur pédagogique ou éducative. Comment un enfant qui n’est pas respecté peut-il respecter les autres ?

La violence entraîne la violence. Il n’y a pas besoin d’être scientifique ou psychologue pour s’en rendre compte…

Pire, ces violences ont des conséquences directes sur le développement psychoaffectif, intellectuel et relationnel des futurs adultes.

Je terminerai mon coup de gueule par une citation de Catherine Gueguen. 

Pourquoi appelle-t-on :
Agression le fait de frapper un adulte,
Cruauté le fait de frapper un animal,
mais Education le fait de frapper un enfant ?

La loi adoptée par le parlement le 2 juillet 2019, ce n’est pas une « loi anti-fessée ». C’est une loi contre les violences physiques et psychologiques faites aux enfants. Un texte qui reconnait que la violence n’est pas acceptable. Et ça fait toute la différence…

Photo : Joseph Gonzalez

5 commentaires

  1. Ton point de vue me conforte vraiment, je me sens parfois seule quand je compare les violences faites femmes de celles faites aux enfants ou aux animaux dans un combat contre la violence, et nous devons défendre ce point de vue et cette vision de la vie, on est chacun un être humain avec une vie des réflexions des aspirations des sentiments depuis les premiers âges, et nous méritons tous la bienveillance, une claque à 6 ans est aussi violente qu’une fessée à 2 ans, qu’un éclat de voix pour un bb de 6 mois, qu’une bousculade a une femme adulte.
    Mettons nous a la place des enfants et souvenons nous de notre enfance.

    • Merci beaucoup pour ton message. Je suis entièrement d’accord avec toi. Je dirais que c’est même encore pire de s’en prendre à des enfants car ils sont physiquement les plus faibles (je parle de leur force physique bien sûr). J’ai encore beaucoup de mal à comprendre les adultes qui trouvent que frapper un enfant, c’est bien. En revanche, nous ne sommes pas parfaits et je comprends tout à fait qu’un parent puisse avoir un geste malheureux. C’est quelquefois tellement dur de garder son sang-froid ! Mais les parents dans cette situation s’en veulent énormément et il peut être difficile de sortir de cette culpabilité. Le mieux, c’est de réussi à rebondir pour aller de l’avant et trouver des solutions alternatives ;).

  2. Étrangement la premiere fois que j’ai entendu parlé de la VEO) je n’étais pas encore maman ni même en projet bébé, et je trouvais ça « pas grave » de donner une tape sur les fesses (hors cul nu et autres humiliations). Puis en y réfléchissant, ayant moi même eu des micros fessées (qui ne faisait pas mal mais plus dans le geste), j’en garde encore des souvenirs forts, jusqu’aux détails (petits pois à table, couleur des draps du lit).
    Finalement effectivement, les violences éducatives ordinaires ne sont pas à prendre a la légère, car ce qui a été léger pour moi peut être un véritable traumatisme pour d’autres, qui peuvent plus tard reproduire ces actes sur leur entourage.
    Bref, tout ça pour dire que maintenant que je suis maman, jamais je n’envisageais ni de lever la main ni d’humilier mon fils. Et ton article est vraiment bien pour s’y retrouver dans le charabia et la simple couverture de l’appellation de la loi.

    • Merci beaucoup pour ton témoignage. Je pense aussi que certaines personnes qui ont reçu des petites fessées régulièrement n’ont pas été traumatisées mais cette méthode d’éducation a instauré des fausses croyances sur eux-mêmes (je suis nul, je ne suis pas capable, je n’y arriverai pas…) et forge même une personnalité. Alors à tous les Parents qui ont vécu cela : accordez-vous de la compassion et de l’amour 💗.

  3. En tant que maman, je suis convaincue que si je veux que mes enfants aient confiance en moi, je dois les respecter, et les aimer, les voir comme des personnes à part entière. Comment pourrais-je leur demander d’avoir confiance en moi s’ils ont sans cesse peur de mes réactions ?
    Merci pour ton article, qui permet d’apporter une précision indispensable à ce que beaucoup jugent être une loi ridicule…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.