Mon défi : semaine 17 sur 21
C’est la fin de la journée. Moi ou Papa Plus Qu’Imparfait allons chercher Poussinou chez Nounou. En arrivant, nous avons le droit à des énormes câlins ! Nous discutons avec Nounou de la journée et là, Poussinou dit “Je vais te taper !” ou encore “Je vais cracher” ou il se met tout simplement à crier ou à sauter dans l’appartement alors qu’il sait que c’est interdit. Bref, on se demande comment faire cesser ce comportement inapproprié, pour ne pas dire, ces bêtises ! Parce qu’à ce moment-là, on a qu’une envie : se fâcher, crier, punir… Bon, ça fait trois en fait ! Et on se dire qu’il est pénible (pour être poli !), qu’il en fait exprès, qu’il nous cherche… Est-ce que chez toi aussi, il arrive que ton enfant fasse des choses dont il sait pertinemment qu’il n’a pas le droit ? Comment gères-tu un comportement inapproprié ?
Je te suggère que nous prenions ensemble un peu de recul sur la situation pour essayer de comprendre ce qu’il se passe dans la tête de Poussinou et de tous les autres enfants qui font des bêtises. Pour ce faire, je te propose dans cet article d’approfondir le point de vue de Jane Nelsen, fondatrice de la Discipline Positive.
Un nouveau regard sur les comportements inappropriés
Une responsabilité partagée
Dans son livre La Discipline Positive, Jane Nelsen nous encourage à percevoir la notion de responsabilité comme libératrice et non culpabilisante car elle permet de devenir acteur du changement. En lisant ces mots, je réalise alors que je peux aider Poussinou à changer sa conduite en modifiant moi-même ma propre réponse d’adulte. Comme je dis toujours, j’essaie de voir le verre à moitié plein en évitant autant que je peux de me culpabiliser et en me disant que ce n’est pas une fatalité : nous, adultes, pouvons aider nos enfants en changeant nous-mêmes. C’est plutôt chouette quand on y pense et hyper motivant !
Mieux comprendre la nature du comportement inapproprié
Jane Nelsen nous explique que plusieurs facteurs peuvent déclencher un comportement inapproprié :
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Un manque de connaissance ou de conscience de ce qui est attendu. Toujours se demander si notre enfant a bien compris ce qu’on attend de lui.
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Un manque de compétence dans la pratique. Il est important de laisser du temps aux apprentissages. Sommes-nous certains que notre enfant a eu assez de pratique pour se comporter de la façon souhaitée ?
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Un comportement qui correspond au stade normal du développement de l’enfant. La plupart des jeunes enfants se comportent de façon appropriée par rapport à leur âge. Depuis que je sais ça, je me demande toujours si mes attentes sont adaptées ou non au stade de développement de Poussinou.
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Un sentiment d’incapacité et de découragement. Quand on se sent découragé, qu’on soit enfant ou adulte, notre cerveau reptilien va avoir tendance à prendre le contrôle. On n’est alors plus du tout en mesure de raisonner, de mener une réflexion et la réponse ne se fait généralement pas attendre : on se comporte de façon inappropriée, on communique de façon peu efficace, on prend la fuite…
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Un comportement commandé par notre cerveau reptilien. Si notre enfant a faim ou est fatigué par exemple, il y a fort à parier que son comportement ne sera pas celui que nous attendons.
Les 4 objectifs-mirages
Rudolf Dreikurs, phsychiatre autrichien dont Jane Nelsen s’est inspiré pour penser la Discipline Positive, a identifié 4 “objectifs-mirages” vers lesquels tendent un enfant quand il se sent découragé. Pourquoi les appelle-t-il comme ça ? Et bien parce que l’objectif d’un enfant lorsqu’il a un comportement inapproprié repose sur une croyance cachée qui ne permet pas de satisfaire ses besoins d’appartenance et d’importance. Ca va, tu me suis ?
En réalité, un enfant n’a pas forcément conscience de ses croyances cachées (et souvent erronées) et la raison de son comportement lui échappe généralement. Pour résumer, Jane Nelsen nous dit “En se fondant sur leurs interprétations erronées, les enfants poursuivent un objectif-mirage au moyen d’un comportement inapproprié.”
Voici les 4 objectifs-mirages :
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Accaparer l’attention
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Prendre le pouvoir
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Prendre une revanche
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Confirmer sa croyance d’incapacité
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Comment réagir face à un comportement inapproprié ?
Désolée pour cette partie qui était un peu théorique mais qui permet de comprendre le raisonnement derrière ces fameuses bêtises qui parfois nous pourrissent la vie, il faut bien le dire ! Alors, concrètement, ça donne quoi ? Voici un tableau très pratique que tu peux retrouver de façon plus détaillée dans le livre de Jane Nelsen.
Grille d’identification des croyances cachées derrière les comportements inappropriés
Quand l’adulte se sent… | L’objectif-mirage de l’enfant est… | Sa croyance erronée est… | Message codé | Ce que l’adulte peut faire pour encourager l’enfant |
Ennuyé, agacé, irrité, inquiet, coupable | Accaparer l’attention | Je compte seulement lorsque ton attention est centrée sur moi. | Remarquez-moi – Impliquez-moi | Implique-le dans des tâches et responsabilités utiles. Mettre en place des routines. Dire les choses une seule fois et agir. Instaurer des signaux, des codes de langage non verbal. |
En colère, défié, perdant | Prendre le pouvoir | Je n’ai de sentiment d’appartenance que lorsque je suis en position de force. | Laissez-moi participer – Donnez-moi des choix | Faire un temps de pause. Lui demander de l’aide plutôt que de le forcer. Offrir des choix limités et appropriés. Etre ferme et bienveillant. |
Blessé, touché, déçu, ayant perdu confiance, dégoûté | Prendre une revanche | Je n’ai pas de sentiment d’appartenance ; je souffre mais je peux au moins rendre la pareille en faisant souffrir l’autre. | Aidez-moi – Je souffre intérieurement | Utiliser l’écoute active. Se connecter en partageant ses sentiments. Reconnaître sa responsabilité. Encourager les points forts. |
Impuissant, démuni, sans espoir, incapte | Confirmer sa croyance d’incapacité | Je n’arrive pas à appartenir, ni à avoir de l’importance, ni à me sentir capable, c’est tout simplement impossible. Je me désengage. | Ne me laissez pas tomber – Tendez moi la main | Fixer des étapes intermédiaires (étape par étape). Célébrer les petites victoires. Partager des temps dédiés. Encourager. |
Ce qu’il faut retenir dans tout ça…
..C’est que la bêtise n’est qu’un prétexte pour l’enfant afin d’exprimer un besoin et essayer de répondre à l’objectif qu’il s’est inconsciemment fixé. En tant que parents, on a souvent tendance à se concentrer sur la bêtise en elle-même et non sur le fond du problème et c’est bien normal car nos nerfs sont souvent mis à mal ! C’est exactement comme lorsqu’on est malade : si on soigne les symptômes, on aura des résultats à court terme mais la maladie ne sera pas traitée et le problème refera surface, encore et encore… D’où l’importance de réussir à identifier l’objectif-mirage et la croyance cachée qui l’accompagne afin d’agir efficacement.
Savoir identifier les objectifs-mirages
On est d’accord, ce n’est pas toujours évident d’identifier l’objectif-mirage, déjà parce que la situation nous énerve profondément (oui, ça me met hors de moi lorsque Poussinou essaie de me taper lorsqu’on est chez sa nounou !) et aussi parce que quatre enfants réalisant le même comportement inapproprié peuvent avoir un objectif-mirage différent. Jane Nelsen prend l’exemple du refus d’un enfant de faire ses devoirs. Son objectif-mirage peut être celui d’obtenir de l’attention – Reste avec moi, regarde-moi ; celui de prendre le pouvoir – Tu ne peux pas me forcer à faire mes devoirs ; celui de se venger – puisque tu as refusé que j’aille chez mon copain, je vais te faire de la peine en refusant de faire mes devoirs ; ou encore de se sentir en incapacité – Je suis nul, je n’y arriverai jamais.
Chaque situation est différente et chaque comportement est fondé sur la perception que l’enfant a de cette situation, et pas nécessairement sur la réalité. La manière de traiter le problème et les outils que nous allons utiliser vont donc être différent en fonction de la croyance cachée.
Un bon indicateur pour tenter d’identifier l’objectif-mirage, c’est d’être attentif à nos propres ressentis. Je t’invite à regarder en détail le tableau ci-dessus, la première colonne étant celle qui nous concerne.
Un autre indicateur est d’observer la réaction de l’enfant lorsqu’un adulte réagit à la bêtise et non au problème de fond.
Réaction de l’enfant suite à la réaction de l’adulte
L’adulte réagit à l’objectif-mirage… | Réaction de l’enfant |
Accaparer l’attention | L’enfant cesse momentanément son comportement inapproprié mais reprend de plus belle ensuite, en ayant toujours comme objectif d’attirer l’attention. |
Prendre le pouvoir | L’agressivité ou la résistance se transforment en lutte de pouvoir et en relation gagnant/perdant. |
Prendre une revanche | L’enfant riposte par une action destructrice ou par des mots blessants. |
Confirmer sa croyance d’incapacité | L’enfant se montre passif dans l’espoir que l’adulte abandonne ou peut faire le choix de la diversion pour dissimuler sa croyance (en faisant rire les autres par exemple) |
Il est certain que ces deux indicateurs demandent une attention particulière à ton enfant et du temps pour se mettre à sa place afin de comprendre ses croyances et objectifs-mirages. Mais grâce à ce travail, tu seras en mesure d’utiliser les outils les plus appropriés pour l’encourager et ainsi régler le problème de fond (et donc stopper le comportement inappropriés).
Lire aussi : 3 alternatives à la punition
Comment encourager en fonction de chaque objectif-mirage ?
Lorsque je dis “encourager”, ça ne veut pas dire l’encourager dans ses bêtises, le laisser faire ou répondre à ses moindres envies. Lorsque je dis “encourager”, c’est dans le sens “encourager à modifier son comportement”.
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Commence par te focaliser sur un comportement inapproprié récurrent qui te met en colère.
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Consulte attentivement le tableau au-dessus pour essayer d’identifier l’objectif-mirage et donc la croyance cachée.
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Teste les différentes idées d’encouragement de la dernière colonne, dans la case correspondant au bon objectif-mirage.
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Ca ne marche pas ? Alors procure-toi sans plus attendre le livre La Discipline Positive de Jane Nelsen dans lequel tu trouveras un chapitre consacré aux comportements inappropriés, aux objectifs-mirages et aux outils de l’encouragement selon chaque objectif-mirage.
C’est compliqué quand même, pourquoi je me prendrais la tête avec ça ?
Je sais que ça peut paraître complexe, pas naturel, qu’il faut avoir la tête dans la grille pour analyser chaque chose. C’est ce que je me suis dis moi aussi. Je ne suis pas en train de te dire qu’il faut avoir ce raisonnement dès que ton enfant fait une bêtise, où serait l’authenticité de la relation sinon ? En revanche, si tu constates un comportement inapproprié récurrent de ton enfant qui te met hors de toi et que rien ne fonctionne (tu as testé la bienveillance, la discussion, les punitions…), alors je pense que ça vaut la peine de creuser car si tout ce que tu as tenté n’a pas marché, c’est bel et bien que ton enfant a une croyance cachée.
Alors, prêt à tenter le coup pour en finir avec une situation qui met tes nerfs à vif ? Quel comportement de ton enfant te met le plus en colère ? Moi, c’est la préparation du matin ! J’attends ta réponse en commentaire.