Comme le sujet de l’éducation parentale me passionne, je lis beaucoup de choses sur des blogs spécialisés (tu reconnaîtras d’ailleurs peut-être à quoi fait référence le titre de cet article), des sites Internet généralistes, des groupes Facebook… Hier, une suggestion de contenu est apparue sur mon fil d’actualités Facebook. Il s’agissait d’un article à propos des Violences Éducatives Ordinaires qui avait reçu de très nombreux commentaires. En parcourant ces messages, j’ai constaté, une fois de plus, à quel point beaucoup de monde confondait éducation permissive et positive.
Pour accéder à la version audio de cet article, clique sur “Play” ou clique sur “télécharger” juste en-dessous pour enregistrer le podcast :
Podcast: Play in new window | Download
Clique sur "More" pour t'abonner sur la plateforme de ton choix : RSS | More
Voici quelques extraits de commentaires que j’ai pu lire :
“Avec cette nouvelle mode d’éducation bienveillante, on développe une culture de l’enfant roi et de l’enfant tyran ! Vous en faites des enfants pourris gâtés ! ”
”Allez-y les parents parfaits avec votre parentalité positive ! Laissez vos enfants vous cracher dessus, vous taper… C’est eux qui commandent après tout !”
”L’éducation positive rend les enfants capricieux, exigeants, impolis… Et les parents laissent faire !”
« Les parents qui pratiquent la parentalité bienveillante font tout pour que leurs enfants n’aient aucune frustration à la maison et cèdent à tout ! Je ne vous explique pas la galère après à l’école pour les enseignants !”
Le problème de la parentalité positive, c’est qu’il n’existe pas de définition officielle. Chacun l’interprète donc à sa sauce. Ceux qui sont contre cette forme d’éducation vont avoir ce genre de discours. Ceux qui sont pour et qui cherchent à pratiquer la parentalité bienveillante peuvent, pour certains, avoir ce type de comportements.
Pour quelle raison ? Et bien parce beaucoup de personnes confondent l’éducation permissive (ou laxiste) avec l’éducation positive. Je suis moi aussi tombée dans le panneau au début !
L’éducation permissive, c’est quoi ?
Education et Permissivité sont-ils compatibles ?
L’éducation permissive, c’est le fait de faire grandir un enfant sans cadre. Le parent laxiste et trop indulgent ne pose aucune limite même s’il sait que son enfant a un comportement inapproprié et satisfait les moindres demandes de celui-ci. Il ne dit jamais Non à son enfant par peur qu’il ressente de la frustration et met tout en œuvre pour faire disparaître les conflits.
Quand on sait qu’éduquer, c’est mettre en œuvre des moyens pour assurer la formation et le développement d’un être humain, on est en droit de se poser la question suivante : peut-on vraiment associer les termes “éducation” et “permissivité” ?
Qui sont les parents permissifs ?
Parmi les parents qui pratiquent la parentalité laxiste, bon nombre d’entre eux :
- Ont souffert d’un excès d’autorité à leur encontre lorsqu’ils étaient enfants. Ces personnes font donc un rejet total de toute forme d’autorité et ne supportent pas les règles et les limites.
- Ont vécu sans cadres ni limites et reproduisent le seul schéma qu’ils connaissent.
- N’ont pas choisi d’être parents et ne s’assument pas ce nouveau rôle. On rentre alors dans une forme de négligence.
- Ont fini par baisser les bras, soit parce qu’ils sont isolés, soit parce qu’ils sont démunis face aux comportements d’un de leurs enfants…
- Culpabilisent vis-à-vis d’une situation : séparation des parents, manque de présence, de moyens financiers…
- Souhaitent pratiquer une parentalité plus respectueuse de l’enfant mais confondent parentalité bienveillante et parentalité laxiste.
Mini-coaching "Moins de culpabilité et plus de confiance en soi"
3 jours de mini-coaching gratuit pour tous les parents qui s’en veulent de ne pas toujours incarner le parent qu’ils aimeraient être. Grâce à des outils et des questions puissantes, je t’aide à regagner confiance et estime de soi !
Laisse-moi ton adresse e-mail et je t'enverrai ton mini-coaching. Pendant 3 jours, tu recevras une courte vidéo accompagnée d’un workbook pour t’auto-coacher. Tu recevras par la suite mes newsletters.
*J’ai horreur des spams. Ton adresse email ne sera jamais cédée ni revendue. En t’inscrivant ici, tu recevras ton mini-coaching ains que des informations de la part de Parent Plus Qu’Imparfait pour améliorer ton bien-être. Tu peux te désabonner à tout instant.
On le constate clairement : il n’existe pas un seul profil de parent permissif et derrière ce laxisme apparent se cache très souvent des blessures, un manque de repères ou même un état dépressif pour certains.
J’attire donc ton attention sur un point important. Si tu as un proche qui est laxiste envers ses enfants ou si toi-même tu réalises à la lecture de cet article que tu pratiques bien plus souvent une éducation laxiste que positive, surtout ne (te) culpabilise pas. Accorde-lui (ou accorde-toi) beaucoup de compassion et d’(auto-)empathie. Cette personne est probablement en souffrance et a davantage besoin d’une main tendue ou au minimum d’informations plutôt que d’être accablée et critiquée. Cela rendra le monde meilleur ❤.
Les dangers de l’éducation permissive pour les parents
On l’a compris, l’éducation permissive provient d’une méconnaissance et/ou de blessures intérieures. Le problème avec cette éducation, c’est que plus on va la pratiquer et plus on va renforcer nos blessures et notre mal-être.
Voici quelques conséquences nocives de l’éducation permissive sur les parents.
- Le parent subit et ne contrôle plus rien car une relation dominant-dominé s’est instaurée avec son enfant, le parent étant l’être dominé.
- Le parent devient une véritable éponge émotionnelle et absorbe tant bien que mal toutes les émotions désagréables de son enfant pour lui éviter qu’il ait à les vivre. Et c’est encore pire lorsqu’on est une personne hypersensible.
- Il rentre dans un engrenage difficile à rompre. En disant oui à tout, le parent se retrouve pris au piège : récompense pour le moindre comportement attendu, cadeau pour compenser un manque, absence d’action même quand la situation est potentiellement dangereuse…
- le parent en oublie ses propres besoins qu’ils soient physiques, physiologiques, affectifs…
- Il peut être angoissé à l’idée de passer du temps avec son enfant. Les moments de complicité se font alors très rares et la connexion se perd.
- Enfin, l’éducation permissive peut conduire au burn-out parental et à la dépression (à noter qu’une dépression peut aussi conduire au laxisme).
Les dangers de l’éducation permissive pour les enfants
L’effet “tête à claques”
Alors, évidemment, les risques qui nous viennent tous à l’esprit relèvent du comportement de l’enfant et de ses potentielles difficultés d’adaptation. En effet, un enfant qui n’a jamais eu de cadre peut être confronté à des difficultés à accepter les règles de vie en communauté. Et on peut vite se retrouver dans un cercle vicieux si les adultes autour de lui ne sont pas sensibilisés à la psychologie de l’enfant : punitions, rébellion, comportements indésirables, isolement… S’ajoute à ça les étiquettes qui lui sont collées et qui vont renforcer son comportement : enfant roi, enfant tyran, tête à claques, sale gamin, insolent, méchant…
L’enfant devient le mal-aimé et personne ne veut de lui : enseignants, camarades, parents de camarades, grand-parents…
Au-delà de ces risques évidents, on peut également noter d’autres dangers qui peuvent être moins visibles mais tout aussi présents.
La peur de l’échec
Un parent permissif ne supporte pas l’échec de son enfant. Il va donc faire son maximum pour le sur-protéger et le garder dans une bulle. Normal en tant que parents de protéger son enfant tu me diras, mais ce que je veux exprimer par-là, c’est qu’en voulant éviter les échecs et les frustrations, on n’accompagne pas notre enfant à devenir un être plein de ressources.
Tout d’abord, on va nier ses émotions tellement elles seront insupportables à nos yeux. Mais en plus, on ne va pas considérer les erreurs comme des opportunités d’apprentissage. Et c’est ainsi qu’un parent qui fait preuve de permissivité va tout faire à la place de son enfant, ne va pas lui apprendre à surmonter ses peines, ses colères et ses frustrations, ne va pas l’encourager à développer ses capacités, ne l’incitera pas à chercher des solutions…
Malheureusement, il sera très difficile pour l’enfant de développer des compétences de vie qui nous sont pourtant chères : la confiance en soi, la capacité de croire en soi, la détermination, la persévérance, l’estime de soi, la curiosité, l’ouverture d’esprit, la prise d’initiatives, l’empathie, l’altruisme… Même si d’un point de vue extérieur, on pourrait croire que ces enfants “ont la confiance” comme certains disent. Evidemment, cette confiance apparente n’est en fait qu’un masque…
Confusion entre l’éducation permissive et l’éducation positive
Comme je l’expliquais en début d’article, on a tendance à confondre l’éducation permissive avec l’éducation positive. Peut-être à cause du nom de cette dernière. C’est d’ailleurs notamment pour cette raison que je préfère vivre une parentalité déculpabilisante et constructive plutôt que positive ou bienveillante.
Certains pensent que la parentalité positive est en fait l’opposé de l’éducation autoritariste.
C’est quoi, la parentalité positive, bienveillante, respectueuse, consciente… ?
Pratiquer la parentalité positive, ce n’est pas nier les émotions de son enfant comme je lis parfois sur Internet mais au contraire les accueillir. C’est être conscient que les enfants comme les parents ont leurs propres besoins, c’est dire non (ou plutôt Stop) à un comportement indésirable tout en essayant de faire preuve d’empathie, c’est accepter la colère mais refuser la violence, c’est exploiter chaque erreur comme des opportunités d’apprentissage. C’est aimer son enfant pour ce qu’il est et non pour ce qu’il fait, c’est l’aider à développer des motivations intrinsèques, c’est l’accompagner vers une forme d’auto-discipline, c’est chercher constamment où placer le curseur entre fermeté et lâcher-prise, c’est réussir à instaurer un cadre sécurisant mais pas trop fermé. C’est être connecté humainement avec lui, c’est le considérer d’égal à égal (ni supérieur, ni inférieur), c’est lui transmettre les valeurs et compétences qui nous chères…
Et ça les gars, c’est pas facile tous les jours, on est bien d’accord !
Education permissive / éducation positive : exemples concrets
Je t’ai préparé quelques exemples concrets avec, pour une situation, deux manières d’agir : une permissive et une “positive ». Attention, il ne s’agit que d’exemples. Bien sûr, il n’existe pas une seule réaction bienveillante à une situation.
1. Mon enfant n’aime manger que du poulet et des frites
Education permissive : Je crains que mon enfant ne mange rien si je lui fais autre chose. Je lui prépare donc du poulet et des frites presque tous les jours.
Education constructive : J’essaie de varier l’alimentation en me rapprochant de ce qu’il aime. Je vais alors cuisiner d’autres viandes blanches, des courgettes frites, des chips de carotte ou de brocolis… Et surtout, cuisiner avec lui sans le forcer. Au programme : plaisir, découverte et connexion.
2. Mon enfant veut un jouet au supermarché mais je ne souhaite pas lui offrir
Education permissive : Je cède et lui offre alors que je n’en n’ai pas envie / pas les moyens…
Education constructive : Je lui propose de le prendre en photo pour le montrer à son autre parent et pour le mettre sur la liste d’idées cadeaux et je fais appel à mon imagination : “T’imagine si cette peluche-chiot était un vrai chien ! Il mangerait quoi à ton avis ? Et comment il s’appellerait ? Moi, si j’avais un poisson à la maison, je l’appellerais Nemo ! Tiens, en parlant de poisson, on a oublié d’acheter du saumon !” #humournoir #nefaitespaspleurervosenfants
3. Mon enfant veut regarder un autre dessin-animé alors que j’aimerais qu’il arrête
Education permissive : Je lui dis non mais il pleure. Alors je le laisse en regarder un. Puis un autre. Et encore un autre…
Education constructive : Je peux lui rappeler notre accord : celui qu’il vient de regarder était le dernier. Je lui pose la question s’il se souvient ce qu’il doit faire après le dernier (éteindre lui-même). S’il n’éteint pas, je le fais moi-même en le prévenant. Mon enfant va sûrement se mettre en colère, pleurer, peut-être même taper… J’accueille sa colère et sa frustration (mais j’esquive les coups). Je peux essayer de lui faire un câlin si c’est possible. Je lui laisse quelques minutes pour vivre ses émotions en lui disant que je suis là pour lui. Puis, je passe à autre chose en lui proposant une autre activité, en faisant une partie de bisous ou de chatouilles…
4. Mon enfant est impoli
Education permissive : je le laisse faire. Il est petit après tout.
Education constructive : je montre l’exemple (merci, pardon, bonjour, au revoir. La base quoi), je lui propose des alternatives ou lui demande de réfléchir à des alternatives. Il ne veut pas faire de bisous à l’arrière-tante ? Pourquoi ne pas lui faire un check (pardon, j’avais envie de le placer là celui-là !), dire le mot bonjour ou faire coucou avec la main ? Il ne dit pas merci après avoir ouvert un cadeau ? Pourquoi ne pas lui proposer de faire un câlin ou d’envoyer des bisous avec la main.
L’éducation permissive, en résumé
J’espère avoir réussi à t’éclairer sur les différences entre l’éducation permissive ou laxiste et l’éducation positive ou bienveillante. Chez la première, il n’y a aucun cadre ni volonté d’apprendre à l’enfant à apprendre. Dans l’autre, un cadre est instauré sans pour autant faire preuve de rigidité absolue. Comme je disais plus haut, c’est un savant mélange entre du lâcher-prise et de la fermeté. Et ça, c’est comme le Bonheur : c’est un cheminement permanent et non une fin en soi !
Si tu as parfois l’impression de confondre les deux au quotidien, je t’invite à travailler sur le cadre sécurisant que tu souhaites instaurer dans ta maisonnée et à passer en revue tout ce qui pourrait constituer ce cadre. Tu peux définir des ordres d’importance et décider de faire preuve de souplesse sur les dernières uniquement. Ainsi, cela te donnera un cap et une vision sur les choses sur lesquelles tu dois rester ferme et au contraire, celles où tu peux lâcher prise. Si tu as des questions quant à la réalisation de ce petit exercice, n’hésite pas à les poster en commentaire juste en-dessous.
Image : Johan Bos
Musique : Steven Breuil